• La condition masculine.

    L’homme a une place dominante dans la société mais il  n’est rien en dehors de celle-ci.

     Les études sur les femmes sont nombreuses, militantes ou non (sociologiques, historiques, philosophiques, psychologiques…) Elles ont contribué à problématiser la notion de condition féminine, elles fournissent également des repères, des outils qui rendent possible la réflexion. Les femmes ont davantage conscience que leur identité est construite, certaines en jouent d’ailleurs avec plaisir. Peu d’hommes, à ma connaissance, prennent cette liberté.

    Il n’existe pas une telle abondance de discours sur la condition masculine. L’expression elle-même sonne étrangement, l’adjectif étant plus souvent utilisé pour qualifier la domination dont sont victimes les femmes.Il est temps de rappeler que, comme le disait Bourdieu, les dominants sont dominés par la domination même.

    La construction de l’identité masculine, dans l’évidence de cette domination, reste impensée – y compris, et même d’abord pour le féminisme. Les hommes refoulent d’autant les traces, et l’histoire, de cette construction, que celle-ci les éloigne des moyens de se raconter soi-même, d’exprimer des sentiments, de se confier à autrui, bref d’exposer et d’alimenter une intériorité qui fasse pièce aux stéréotypes de genre. Un homme doit extérioriser, dépenser, consommer ou posséder. Mais Avoir est, dans le domaine de la construction de soi, inférieur à être. L’homme a une place dominante dans la société mais il  n’est rien en dehors de celle-ci. Il ne pense pas sa condition comme processus, artifice, mascarade, ruse avec le destin. Ou alors de manière universelle, non pas pour se différentier des femmes mais pour les inclure dans un genre indistinct. Le Français invitant particulièrement à cette confusion.

    Difficile d’écrire une phrase générale sur l’homme sans qu’on pense au genre humain, et non à l’homme par opposition à la femme. L’universalisme du langage empêche de penser la condition masculine. C’est un des traits de cette condition. D’après la recension du livre de B audelot et Establet, on pourrait y ajouter la liberté stéréotypée d’exercer une violence qui compromet sa réussite scolaire et le marginalise, la pauvreté des modèles identificatoires d’hommes et le repli subséquent dans l’imaginaire héroïque tout puissant, la dépendance pratique à l’égard des femmes pour l’éducation des enfants et la  dépendance symbolique prépondérante du monde professionnel pour étalonner l’estime de soi.

    Ce n’est qu’une ébauche…

    Et vous comment définissez-vous la condition masculine ?


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  • Commentaires

    1
    GIL-
    Dimanche 8 Janvier 2012 à 16:34

     

    (...)

    L’endroit du vol, c’est l’envers de la mémoire. Le vol a eu lieu où elle s’efface, comme les traces que personne n’a laissées. L’objet tombe à pic, dans la boue et les feuilles mortes. J’ai perdu mon sexe. Mais pas comme une médaille. Plutôt comme une coupure dans la presse du matin.

     

    Du nouveau dans le trafic d’organes : des chasseurs de prime d’un nouveau genre voient le jour. A côté du casse à l’arrache et du viol à l’étalage, sont perpétrés des « vols à la coupe. » Est-ce le dernier cri dans la violence faite à l’avoir ? D’un coup, l’homme perd la dernière propriété qu’on lui croyait inamovible.

     

    Ici l’époque devient trouble à mesure que l’enquête régresse dans ses propres rouages. On découvre que l’homme suspecté n’est pas seul, et que derrière les hommes se cachent des femmes, presque comme une partie honteuse.

     

    La femme prend, comme le mortier d’une nouvelle construction. Elle ne se prend plus. Pour femme. La faute à…


    (...)

     

    2
    Jean Delapin
    Mercredi 11 Janvier 2012 à 09:32

    Juste une remarque en passant.

    Le fait que les hommes "jouent" moins avec leur identité, s'il était avéré, pourrait s'interpréter comme une preuve même du confort de leur condition. On imite plutôt ce qu'on tient - ou ce qui est tenu - pour supérieur, non?

    Cf. les panoplies d'ouvrier à la chaîne, qui se vendent assez mal. 

    3
    guillaume- Profil de guillaume-
    Mercredi 11 Janvier 2012 à 13:31

    A Jean Delapin,

    En général, le drame des super-héros, c'est de ne plus pouvoir enlever leur masque, ou au contraire de se souvenir qu'il y a quelqu'un d'autre dessous.

    Et ces panoplies-là se vendent plutôt bien!

    4
    guillaume- Profil de guillaume-
    Samedi 14 Janvier 2012 à 10:56

    A GIL,

     

    Merci pour ce commentaire poétique Gil, qui est certes une autre façon de parler de sexe. Peut-être faudrait-il aussi sur ce blog, faire la place à une manière plus érotique d’écrire, comme la poésie retourne amoureusement (à) la langue.

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