• Approche en trois temps

    Camilla Sparksss ensauvage les sons des années 80, son chant en triture les tessitures et une danseuse improvise sur le même morceau une variation en trois danses, trois mouvements que j’essaie d’approcher à mon tour.

     

     

     

     

    "Il importe que la danse délivrée non seulement du poids de la beauté considérée comme une fin en soi, mais encore libérée des allégories, puisse se rapprocher du mouvement."

    Philippe Soupault.

     

     

    L’urbanité du squale.

     

     

    tu nais à la musique tu n’es qu’à l’incarner elle t’habite t’anime tu es pénétrée possédée tu t’en fais la poupée le pantin sans filet en équilibre instable tu n’es muse qu’à t’user à y perdre et reprendre pied tu occupes l’espace qu’elle assiège en rafales tu t’enroules dans les nappes sonores d’un monde sans silence où le poisson danse à l’air libre de s’asphyxier ou d’apprendre à respirer tu nages ta danse de nuit en attrapant le requin par la queue

     

     

     

     

     

    Aile de crête

    elle ondule frétille puis remue par saccades et soubresauts comme sous l’assaut d’un saccage intime bras par dessus jambes et bord à dos d’angle la nuque en tête sous ventre les cheveux en pluie médusés en bataille son corps articule une bouche qui se ferme et se referme la danse se disloque en arrêts qui la referment sur elle-même pour l’ouvrir de l’intérieur elle se creuse au dedans la musique la retourne et la tourne en boucles qui se répètent la heurte au mur des sons qu’elle repousse et caresse eau durcie sous le poids de la chute par la vitesse acquise elle se contorsionne dans une cage invisible une frontière intangible qu’elle ne franchira pas mais que ses pas tremblés trempés au sol ébranlent

     

    la musique bouge comme un requin la danseuse ferme sa mâchoire et nous laisse

     

    bouche bée

     

     

     

     

     

    forer profond

    le corps s’anime nous fait face et s’envenime sous les sifflements de maracas tellement vibrants hochets agités le corps pris de danse se trouble comme une eau claire se casse à tâtons à reculons nous attire comme la proie le chasseur dans les bas-fonds et même tréfonds de son antre les fins fonds de son être sans fin se dérobant dessinant à travers champ sa route à l’envers avec en arrière fond l’invitation des sirènes fondant sur nous retentissant nous attirant et entraînant à plonger plus loin le regard dans l’ombre sans nombre l’obscurité de la forêt comme une profondeur d’eau noire et glacée avec un mince faisceau de lumière pour tout horizon frêle pinceau vers l’esquisse qui échappe à toute prise se reprenant sans cesse en esquives en manœuvres d’approches faites d’éloignements alignés sur des astres éteints mais palpables par leur fracas se renouvelant jusqu’à épuisement du sujet

    le requin ne se repose jamais la danseuse ne peut que suivre le mouvement

     

     

     

     

     

     

     


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